Le secret de la rue Laurier Ouest

Mi-mars, je me promène sur la rue Laurier Ouest, à la hauteur du boulevard Saint-Laurent et je marche en direction d’Outremont. Le soleil réchauffe mon visage, annonçant le printemps. Malgré un mardi assez ordinaire, les cyclistes, voitures et piétons s’entremêlent sur la rue. Aux nouvelles hier, on nous annonce que la Compagnie de la Baie d’Hudson est en difficultés financières. Selon un article paru par Radio-Canada, on aurait demandé au tribunal l’autorisation de liquider l’ensemble des activités de l’entreprise, ce qui pourrait mener à la perte d’environ 9300 emplois. Cette triste nouvelle m’amène à réfléchir et à vouloir comprendre la recette gagnante pour prospérer dans le temps. Quel serait le secret de la rue Laurier Ouest, qui semble créer un micro univers bien à elle?

 

Photo: Sarah Paquin-Lamontagne

La mise en valeur d’un quartier

Je me dirige dans une boutique dont la vitrine est impeccable : les bijoux parisiens scintillent et piquent ma curiosité. Je suis accueillie par une dame, qui souhaite rester dans l’anonymat. Elle travaille à cet endroit depuis des années. Je lui demande de me parler un peu du quartier, elle me dit que c’est un quartier dynamique, en partie grâce à M. Gabriel Dallaire, directeur général de la société de développement commercial de Laurier Ouest. Sur son profil LinkedIn, on peut voir qu’il a récemment gagné la médaille du Roi Charles III, en reconnaissance pour sa contribution envers sa communauté et son pays. M. Dallaire est fier de représenter 230 petites ou moyennes entreprises du quartier. D’ailleurs, il est sur le comité d’organisation de Mile End en fête, événement qui, selon Kelly, gérante de la boutique Billie, amène une augmentation importante de l’achalandage le temps d’un week-end de la fin mai. Depuis plus de trois ans, Kelly travaille au sein de cette boutique de vêtements pour femmes, créant un espace rêvé pour magasiner des marques telles que Ganni, Iro, Vince, ou Mother. « Lorsque c’est le Mile End en fête, c’est le seul moment de l’année où l’on sort des présentoirs à l’extérieur de la boutique », déclare-t-elle. L’année dernière, 15 000 personnes étaient au rendez-vous, comme l’indique le site web, rejoignant des plus jeunes aux plus les curieux. 


La fidélisation de la clientèle 

Le Mile End n’est pas l’endroit le plus accessible en métro. Pour se rendre au cœur de la rue Laurier Ouest, il faut sortir à la station Laurier de la ligne orange et prendre un autobus, ce qui pourrait compliquer les visites. Pourtant, les commerces ne semblent pas en souffrir. « Notre clientèle cible est la femme de 35-50 ans », déclare Kelly. « Nous, on est une boutique de vêtements de moyenne, haute gamme et on a une clientèle très diversifiée. On habille parfois 3 générations de femmes de la même famille. » Elle mentionne que leurs clientes reviennent et que le service à la clientèle est leur priorité. L’employée de la petite boutique où je suis entrée dit de son côté que, malgré la pandémie et le fait qu’elle n’a pas de site web pour vendre en ligne, c’est la clientèle intéressée à avoir des pièces uniques qu’ils attirent depuis plus de vingt ans.

 

 

C’est l’entraide et la solidarité entre les commerces qui font toute la différence. « Tout le monde se connaît, les propriétaires se parlent tous ». Reste que c’est un vent de fraîcheur d’entendre cela dans une société, où il semble de l’individualisme est prôné pour la réussite. Quel est donc le secret de la rue Laurier Ouest? « Ah bien ça, ça reste un secret », dit-elle en rigolant. 

 

Sources

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2148359/baie-hudson-compagnie-dettes-tribunal-creanciers-cour

https://mileendenfete.com


 

 

 

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