Mode et Influence: Alaska Rider
Mode et influence : portrait d’Alaska Rider
Par Sarah Paquin-Lamontagne
Avril 2025
Depuis l’automne dernier, Alaska Rider connaît une importante montée en popularité sur ses réseaux sociaux. Pendant des années, elle a maintenu son nombre d’abonnés sur Instagram à 5 000, pour passer à plus de 14 000 en quelques mois. Encore plus impressionnant sur TikTok : le chiffre bondit de 1 000 à 37 000 abonnés, avec plus de 700 000 mentions « j’aime ». Elle n’a pourtant rien forcé, tout est arrivé organiquement.
Mode et crédibilité
Lorsqu’on regarde le contenu qu’elle propose, nul ne peut douter de son sens de l’esthétisme développé. Ses partages de voyage, de mode et de vie quotidienne défilent et semblent réjouir ceux qui la suivent. « Parce que c’est destiné principalement aux femmes, on a tendance à juger que c’est futile, que ça n’a pas de valeur », déplore Alaska en parlant de son choix de travailler dans la mode. « Pourtant, plein de mouvements sociaux et d’avancées dans la société commencent avec la culture pop et la mode. »
En plus de créer du contenu, elle est mannequin. C’est dans ce contexte qu’Alexis, photographe québécois bien établi, parle d’Alaska : ils se sont rencontrés lors d’une séance photo. Il la décrit comme une femme accessible, professionnelle et agréable à côtoyer. « Elle a des traits de visage très uniques, son sourire, ses yeux en forme d’amande et ses cheveux… elle sort du lot », raconte-t-il.
Née sur la Rive-Sud de Montréal, ce n’est qu’à 19 ans qu’elle s’établit dans la métropole. Après un cégep en cinéma, elle entame un baccalauréat en journalisme avant de se réorienter vers les relations publiques. Elle connaissait le baccalauréat en gestion de la mode de l’UQAM, plusieurs de ses amis l’ont suivi, mais elle n’a pas choisi cette direction. « J’ai rapidement internalisé cet intérêt pour la mode, pensant que c’était futile et relevait d’un hobby », explique-t-elle. « Je viens d’une famille créative. Mes parents travaillent dans le domaine des arts, et la pensée intellectuelle est très valorisée dans la maison où j’ai grandi. » Seules les choses "sérieuses" semblaient pouvoir relever du travail. « Un jour, j’ai décidé d’arrêter d’aller contre mon grain naturel. Ça a juste pris un peu plus de temps », confie-t-elle.
D’employée à pigiste
Rachel Bélanger, diplômée de l’École supérieure de mode de l’UQAM, a rencontré Alaska grâce à l’agence de mannequins et de talents montréalaise Humankind. À l’époque, Rachel se sentait un peu perdue après ses études, mais avait de l’intérêt pour la création de contenu dans les magazines. Lors de leur rencontre, elles ont parlé de tout : de la vie, des chemins possibles. « Elle a vraiment réussi à verbaliser la réalité de l’univers des médias. Je ne suis pas étonnée de voir ce qui lui arrive : si, en une heure, j’ai vu à quel point elle est attachante, authentique et belle, c’est sûr que la planète va tomber en amour avec elle aussi ! », dit-elle.
« Quand tu travailles pour un média, il y a toujours des lignes directrices et tu dois être multitâche », explique Alaska. « Non seulement tu dois rédiger, mais aussi faire de la stratégie de réseaux sociaux, de la rédaction SEO, de la gestion de relations… Ça demande énormément de temps, et je me sentais vide, au niveau de l’écriture et de la création de contenu. »
C’est ce qui l’a motivée à devenir pigiste. Elle a réalisé qu’elle pouvait reproduire ce qui différencie un magazine de mode d’un autre avec sa propre image. Elle n’avait pas trop d’attentes et croyait que ce serait une phase exploratoire de courte durée, mais elle constate aujourd’hui qu’elle peut bien gagner sa vie.
Elle accepte parfois des collaborations avec certaines marques, mais sélectionne méticuleusement les entreprises. Elle apprend constamment : « Ce qui est le plus challengeant, c’est que personne ne va te dire comment faire. Il n’y a pas de règles, pas de cadre : c’est le far west. Tu dois t’asseoir, te faire une charte de valeurs comme une entreprise, déterminer ta mission et tes limites. Ensuite, tu dois les respecter. C’est une constante remise en question de qui je suis. »
Voyager pour mieux revenir
La création de contenu lui ouvre des opportunités qu’elle n’aurait pas pu accepter si elle avait travaillé pour un seul magazine. Elle considère que c’est le meilleur des deux mondes, car elle peut aussi voyager. « Quand je voyage, ça me force à déjouer mes chemins de pensée habituels. Tu n’as pas de repères, tu dois observer ton environnement. Ça me force à être dans le moment présent ». Le but ultime, selon elle, c’est d’arriver à retrouver cet état de pleine présence en soi, sans devoir partir.
Projets futurs
La vie d’Alaska correspond à ce que 57 % des jeunes de la génération Z rêvent de devenir, selon The Economist. Pourtant, elle ambitionne aussi des projets dans les médias traditionnels : « J’aimerais faire un show de voyage, parler de mode dans un contexte qui rejoint plus de gens, démocratiser et prouver que tu peux aimer les choses féminines sans que ce soit futile ».
Elle reste cependant lucide : elle doit continuer à garnir son CV, cumuler des expériences et s’entourer de gens qui la soutiennent.
Crédit photo : Instagram @alaska.rider, fournie par Alaska Rider. Partage autorisé.